chez-robert

barycentres
exposition iouri camicas, marjorie le berre, fabien léaustic et fanny paldacci
du 13 mai au 07 juillet 2013

Une vague au va-et-vient à peine visible, à la fois mobile et en suspens – à la verticale, contre le mur de la salle principale. Un banc de sable échoué – au plafond, au bord de la verrière. La trace d’un foyer qui a fait éclater le sol comme la peau d’un fruit, orné le mur aussi délicatement qu’un fusain. Seul volume de l’installation, la rouille qui se dépose entre deux plaques de verre dressées. Les quatre artistes usent de la galerie non comme lieu d’exposition, encore moins de déambulation, mais comme support. Ils l’ont brûlée, détrempée, découpée, comme une éprouvette dans un laboratoire. Les coordonnées spatiales et les lois de la physique en ont perdu leur pertinence. Pas de titres, des chiffres : 482, indice de viscosité ; 390, température en degrés Celsius ; 475, masse de ce sable sans poids ; 000, référence de la limaille de fer que l’air oxyde. On pense au Grand Verre, à la galerie Iris Clert désertée, à la Chambre aux Catastrophes Naturelles de Petites Dimensions de Jacques Julien et Paul Sztulman – cette famille d’œuvres qui dans leur fragilité renferment une idée de l’infini. Davantage encore qu’à une expérience de l’espace, c’est donc à renouveler son sens du temps, cette quatrième dimension, que le spectateur est invité. Tout est déjà passé, et tout se passe encore. De la flambée il ne reste que le noir, mais la vidéo la fait renaître en boucle. Le sable ne s’écoule pas, mais l’oxydation silencieuse du volume sert de sablier. La vague est plus lointaine au moment où elle semble plus proche. Ce temps actif et suspendu est celui que demande la contemplation d’un paysage, d’un visage ou d’une œuvre d’art. C’est aussi celui du mouvement paradoxal de l’artiste, entre retenue et abandon. Le temps du geste rejoint par le temps du regard.

Pascale Ratovonony

Vue 1Vue 2Vue 3Vue 4

barycentres 
iouri camicas, marjorie le berre, fabien léaustic and fanny paldacci exhibition
from 13 may to 07 july 2013

A wave sways to and from barely visible, both mobile and unresolved – vertically against the wall of the main room. A beached sandbar – on the ceiling, on the edge of the glass roof. The traces of the hearth, which broke the ground like the skin of a fruit, decorated the wall as delicately as a charcoal sketch. The sole object of the installation, a display of rust trapped between two standing glass plates. The four artists have designed the gallery not as an exhibition, even less as a place to walk around, but as support. They have burnt it, soaked it and cut it up, experimenting with the space like a specimen in a laboratory. Spatial volume and the laws of physics lose all relevance. No titles, only numbers: 482, viscosity grade; 390, temperature in Celsius; 475, the mass of the sand without weight; 000, reference for the fillings of oxidized iron. It reminds us of Grand Verre, of Iris Clert’s deserted gallery, of La Chambre aux Catastrophes Naturelles de Petites Dimensions by Jacques Julien and Paul Sztulman – this family of works, which in their fragility encase the idea of infinity.
Even more than experiencing the space, the viewer is invited to renew his sense of time, this fourth dimension. Everything is already gone, and everything is still happening. From the blaze there is only darkness left, but the video brings it back to life over and over again. The sand doesn’t flow, but the silent oxidization of the volume serves as an hourglass. The wave is the farthest away at the moment it seems the closest. Reining in the movement is what requires contemplation of a landscape, a face or a work of art. It’s also the paradoxical movement of the artist, caught between restraint and abandon. The action of doing joins the action of looking.